Sortie du charbon : la France veut tenir sa promesse et s’active pour 2022
La France opère progressivement sa sortie du charbon, promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Trois des quatre centrales à charbon seront fermées d’ici à début 2022, traçant ainsi le sillon d’une utilisation plus modérée des énergies fossiles.
Une sortie qui se précise
Cette promesse de sortie de charbon à l’horizon 2022 ne sera pas tout à fait tenue, pour cause : le réacteur nucléaire EPR dernière génération de Flamanville (Manche), dont la finalisation a été retardée à plusieurs reprises pour divers problèmes. En effet, la mise en service du réacteur de Flamanville est aujourd’hui considérée comme nécessaire pour compenser la fermeture des différentes centrales à charbon, dont celle de Cordemais (Loire-Atlantique). Cette dernière tournera à « 10 % de ses capacités [en 2022 et] jusqu’en 2024 au moins, voire 2026 », selon Emmanuelle Wargon, la Secrétaire d’État à la Transition écologique.
Mais malgré ces contretemps, cette sortie du charbon s’active, au grand dam du personnel de la centrale de Saint-Avold (Moselle). Ce sont de nombreux postes qui seront supprimés, en plus de ceux d’autres unités de production de GazelEnergie, fournisseur d’électricité et de gaz et propriétaire des centrales de Gardanne (Bouches-du-Rhône) et Saint-Avold (Moselle). Le groupe a annoncé que « la décision du gouvernement engendre la mise en place d’un plan de réorganisation conduisant à la suppression de 219 postes. »
Malgré cette fermeture annoncée, les centrales de Saint-Avold et de Gardanne devraient accompagner celle de Cordemais jusqu’en 2022 au plus tard, à l’inverse de la centrale du Havre (Manche) qui a fermé le 10 mars dernier, plus tôt que prévu, « suite à l’épuisement du stock de charbon. »
À l’image de Michelin qui prévoit la construction d’une station multi-énergies qui remplacera l’un de ses anciens sites de production à La-Roche-sur-Yon, GazelEnergie envisagera un plan social pour pallier l’arrêt des activités en 2022 et la suppression d’une centaine de postes. Le groupe songe au développement d’une plateforme de production de chaleur renouvelable à partir de biomasse et un projet de production d’hydrogène vert.
Fin du charbon et substitution
Cette sortie du charbon devrait être un mal pour un bien pour EDF développe Ecocombust, « une nouvelle filière de production d’un combustible écologique et innovant en substitution au charbon », dont l’un des objectifs est de produire 160 000 tonnes/an de ce combustible issu de la biomasse locale (neutre en CO2) et substituable au charbon importé.
L’énergéticien a par ailleurs annoncé la fin de la production de sa centrale West Burton A, dans le comté du Nottinghamshire (Angleterre), qui prendra effet en septembre 2022.
Toutefois, si le charbon fait partie de ces énergies fossiles qui devront se retirer dans les prochaines années, il n’est pas question de le supprimer totalement de notre production électrique. En effet, la crise sanitaire actuelle peut avoir un impact sur la production nucléaire de 2021 (comme cela a été le cas l’année passée) et susciter un regain d’intérêt pour un charbon qui n’a pas fini de rendre bien des services.
Selon Le Parisien, la fermeture des centrales à charbon françaises réduira les émissions de CO2 à hauteur de 10 millions de tonnes par an. En outre, la fin des importations de charbon permettra de déduire 1,5 milliard d’euros d’une facture énergétique annuelle du pays qui s’élève à 37 milliards d’euros.