Le Japon relance un ancien réacteur nucléaire pour la première fois depuis Fukushima
Mercredi 23 juin 2021, la compagnie d’électricité Kansai Electric Power Co. a relancé le réacteur nucléaire n°3 de la centrale de Mihama, dans la préfecture de Fukui. Un événement vécu comme une victoire par le gouvernement japonais qui a de grandes ambitions pour la décarbonisation du pays et souhaite s’appuyer sur l’énergie nucléaire.
La relance d’un réacteur nucléaire sous supervision de la NRA
Une tranche nucléaire âgée de plus de 40 ans, dans la centrale de Mihama, a été relancée ce mercredi par la compagnie Kansai Electric Power Co. (raccourci en Kepco). La centrale avait été fermée quelques jours après l’accident causant la destruction du site de Fukushima, en mars 2011, et sa relance entre désormais dans le plan de décarbonisation du gouvernement japonais.
ℹ️ Une tranche nucléaire désigne à un groupement d’installations, dont un réacteur, et destiné à fournir une puissance électrique donnée.
L’Autorité de réglementation du nucléaire (NRA) avait imposé des règlementations plus dures suite aux événements de 2011, concernant les opérateurs de réacteur. De plus une limite théorique d’exploitation des tranches au sein d’une centrale avant été fixée à 40 ans, avec une possibilité d’extension d’utilisation de 20 ans supplémentaires.
Il a donc fallu un investissement considérable de la part de la société Kepco pour remettre à niveau les installations de cet ancien réacteur nucléaire qui a été mis en service pour la première fois en 1976. La NRA avait donné son approbation en 2016 pour ces travaux, puis sa validation pour la relance au printemps dernier.
Au total, la NRA a autorisé au cours de ces dernières années le rallumage de 17 réacteurs nucléaires sur les 33 que les compagnies d’électricité au Japon espère pouvoir exploiter. Pour l’instant, seule 10 sont effectivement en activité.
Une activité de courte durée
Malgré cette réouverture, la compagnie d’électricité ne pourra exploiter la tranche nucléaire que jusqu’au 25 octobre. Des travaux supplémentaires pour sécuriser le site contre de potentielles attaques terroristes sont à entreprendre à compter de cette date.
Cependant, le vice-président des activités nucléaires de Kansai Electric Power Co. s’est prononcé sur cette ouverture de courte durée en annonçant que ce redémarrage permettra d’accumuler de l’expérience. De plus les autorités du pays sont très satisfaites de cette réouverture.
Le nucléaire dans un objectif de décarbonisation
La réouverture de la centrale nucléaire, bien que soulevant une vague de mécontentement au sein de la population encore choquée par les tragiques événements de Fukushima Daiichi, représente une victoire symbolique pour le gouvernement. Les lobbies industriels soutiennent également cette relance et poussent d’ailleurs à une réouverture massive du parc nucléaire nippon. Ils souhaitent également le prolongement de l’exploitation de plusieurs tranches nucléaire au-delà de la limite fixée à 40 ans.
Les objectifs du Premier ministre Yoshihide Suga et de son gouvernement en matière de décarbonisation reposent en grande partie sur l’exploitation du nucléaire. Selon les calculs, pour la ville de Tokyo seule, il faudrait produire de l’électricité dans au moins 25 réacteurs pour parvenir aux objectifs fixés.
Ces objectifs, annoncé en avril, prévoient de réduire de 46% les émissions de CO2 d’ici à 2030 par rapport à ce qu’ils étaient en 2013. Malgré l’implantation d’installations pour produire de l’électricité d’origine renouvelable, le président du lobby patronal Keizai Doyukai explique que “nous (le pays) souffrons de contraintes fortes et cela ne suffira donc pas”. L’exploitation des centrales nucléaires est donc essentielle.
Si l’opinion publique est plutôt défavorable au projet, les régions abritant des centrales encouragent à la réalisation de ce programme qui leur permettrait de se redynamiser face à la stagnation économique à laquelle elles font face.