Réforme d’EDF : un accord trouvé entre le gouvernement et Bruxelles ?
Alors que la validation de la réforme d’EDF « Hercule » semblait compromise au vu du statut quo des discussions depuis de longues semaines, les choses devraient se décanter en fin de mois, à en croire Barbara Pompili.
Le gouvernement optimiste à propos d’Hercule
La ministre de la Transition écologique se voulait optimiste à ce sujet et déclarait à AOF que les négociations avec la Commission européenne pourraient aboutir d’ici la fin mars. Une autre source gouvernementale révèle que « les grands principes de cette réforme ont été actés. Il y a de bonnes chances d’aboutir à un accord même si elles ne sont pas certaines. »
Rappelons que l’un des enjeux majeurs de ces discussions portant sur la validation du projet Hercule concerne le prix de vente du nucléaire régulé (dit ARENH) qui, s’il serait revu à la hausse, permettrait à EDF de vendre plus cher son électricité aux autres fournisseurs d’énergie.
Une autre interrogation subsiste : les prix de l’électricité fournie par les fournisseurs alternatifs à leurs clients vont-ils augmenter en cas de hausse de l’ARENH ?
Tout porte à croire que oui : avec un prix passant de 42 €/MWh à 48€/MWh, l’augmentation de l’ARENH fera mécaniquement augmenter le montant des factures.
En effet, les offres des fournisseurs alternatifs se basant sur les tarifs du marché, leurs prix dépendent de ces derniers. Les fournisseurs alternatifs souhaitant acquérir leur électricité au prix le plus avantageux, ils continueront à acheter leur électricité au prix de l’ARENH (dans le cas où « Hercule » est validé) si le cours du marché augmente. Ainsi, même les clients de ces fournisseurs alternatifs risquent de voir le prix de l’électricité augmenter.
Bruno Le Maire veut un groupe aux « entités unies »
Contrepartie de cette révision de l’ARENH, EDF accepterait une réorganisation du groupe. Les Echos rapportent d’ailleurs que les entités d’EDF sont déjà définies :
- « EDF Bleu » serait propriété exclusive de l’État, détenant les centrales nucléaires, RTE (le gestionnaire de transport de l’électricité) ainsi qu’« EDF Azur » (une quasi-entité), gérant les barrages hydrauliques du groupe ;
- « EDF Vert », serait, contrairement aux deux autres entités, cotée en Bourse mais tout de même détenue en partie par EDF Bleu.
La prudence reste toutefois de mise, de surcroît lorsque l’on sait que les discussions ont longtemps été (et sont toujours) en pourparlers et que la France, par l’intermédiaire de Bruno Le Maire notamment, ne compte pas infléchir certaines de ses positions. Le Ministre de l’Economie, invité de BFM Business mercredi 10 mars, a rappelé qu’il mettait un point d’honneur à voir un groupe EDF dont les entités resteraient unies : « si au bout du compte, la Commission européenne nous dit “Il faut diviser EDF en trois entités totalement indépendantes et autonomes […]”, la réponse sera non. »
Ces avancées ont fait bondir le cours d’EDF de 10% à la Bourse de Paris qui est passé à 10,49 euros après avoir lourdement chuté fin janvier.
Les syndicats toujours opposés à la réforme d’EDF
Ce vent d’optimisme n’est toutefois pas bien reçu de tous, surtout de la part des syndicats qui se sont toujours opposés à la validation du de la réforme d’EDF. La CGT prévoit d’ores et déjà une nouvelle journée de grève, jeudi 25 mars, afin de mettre la pression sur l’exécutif et faire plier les négociations.