Réforme d’EDF : Bercy veut un groupe intégré, s’éloignant des volontés de Bruxelles
Les négociations au sujet du projet de réforme d’EDF a connu quelques « avancées » en ce début de semaine. Le gouvernement souhaite même aller plus loin et garder un groupe EDF intégré, au risque de rendre les négociations encore plus difficiles avec la Commission européenne.
Des négociations qui « restent difficiles avec la Commission européenne » au sujet de la réforme d’EDF
Bercy l’affirme : « il y a eu des avancées », malgré que « les négociations restent difficiles avec la Commission européenne », après la rencontre entre le ministre de l’Économie et des Finances et Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la Concurrence qui s’est déroulée lundi 10 mai.
Il y a quelques semaines, Bruno Le Maire, réaffirmait sa volonté de promouvoir un « Grand EDF » et de ne plus évoquer de projet « Hercule ». Le ministère des Finances évoque d’ailleurs « un projet stratégique pour la nation française, qui permet de garantir le financement de cet actif stratégique qu’est le nucléaire, et le développement rapide et massif d’EDF sur les énergies renouvelables. »
En outre, Bercy veut qu’EDF, entreprise publique, ait « une énergie décarbonée, à un tarif stable, en volume suffisant. Nous voulons tout simplement conforter cet actif dans les décennies à venir, nous voulons bâtir un grand EDF pour le XIXe siècle. »
Un inversement du rapport de force est-il envisageable ?
Mais si les discussions restent encore « difficiles » malgré ces avancées, c’est également parce que Paris a décidé de durcir ses positions face à la Commission européenne a fait savoir Bercy. La France ne semble pas vouloir céder à toutes les conditions de la Commission européenne et veut défendre les intérêts d’EDF qui doit rester un groupe intégré, aux ressources humaines unique, avec une circulation de flux financiers entre les différentes entités du groupe. « Notre ligne rouge est claire et n’est pas négociable, c’est le maintien d’un groupe intégré », a commenté Bercy.
Les contours de ce projet semblent donc avoir été redessinés ces derniers jours et s’éloigner un peu plus de la volonté de Bruxelles de voir un groupe aux entités clairement séparées. Jean-Bernard Levy, le PDG d’EDF évoque même un « éclatement » du groupe pour illustrer la volonté de Bruxelles.
Du côté de la Commission européenne, une réévaluation à la hausse de l’ARENH semble également poser problème dans la mesure où elle renforcerait le monopole de l’énergéticien français en France et en Europe. Pour rappel, l’ARENH permettrait à EDF de continuer l’entretien de son parc nucléaire mais aussi de le développer. Pour ce faire, il pourrait vendre plus cher l’électricité qu’il produit à ses concurrents (ou fournisseurs alternatifs).
Alors, reste-t-il encore des chances de voir le projet de réforme d’EDF être validé dans les prochains mois et avant les élections présidentielles de 2022 ? Rien n’est moins sûr.
Ce projet de réforme ne s’attire pas les faveurs des syndicats qui voient en celui-ci une menace de privatisation du groupe et d’Enedis, le gestionnaire du réseau d’électricité qui pourrait obéir au même schéma et d’être coté en Bourse.
Le ministère de l’Économie et des Finances a confirmé que les syndicats d’EDF seront reçus « au début du mois de juin », toujours pour échanger au sujet du projet de réforme du groupe. Il échangera aussi une nouvelle fois avec Margrethe Vestager dans le but de négocier une éventuelle entente.