Le prix de l’énergie pourrait durablement augmenter malgré des livraisons maintenues
28.02.2022 | L’Europe est toujours approvisionnée en gaz, pourtant il faut s’attendre à une hausse durable du prix de l’énergie. Les sanctions de plus en plus dures prises à l’encontre de la Russie pourraient grandement influencer les prochaines livraisons de gaz.
Le prix de l’énergie impacté malgré les livraisons
Malgré des affrontements armés sur le territoire ukrainien et un nombre croissant de victimes, le marché du gaz, lui, semble s’apaiser depuis quelques jours. Après l’affolement provoqué par la déclaration de guerre de la Russie, le prix de l’énergie s’était envolé sous l’effet de la crainte de voir les approvisionnements s’interrompre. Cependant, l’Europe reçoit toujours ses livraisons de gaz et c’est pourquoi les prix sont redescendus de 30% vendredi, revenant à 92 € le MWh.
La raison de cette volatilité est expliquée au journal Les Echos par un analyste de BCS Global Markets : “Les contrats d’achat à long terme de Gazprom étaient hors de prix ces derniers mois, ce qui a maintenu les exportations à un faible niveau. Or, avec la flambée des prix ‘spot’ du gaz, les contrats de Gazprom sont devenus bien plus intéressants. La demande pour le gaz russe pourrait continuer d’augmenter dans les jours à venir”.
Cependant, cette baisse sur le prix de l’énergie pourrait bien être de courte durée : le conflit ouvert contre l’Ukraine a fragilisé les routes de circulation du gaz.
Des nouvelles du gouvernement ukrainien ont fait état ce dimanche de l’explosion d’un gazoduc, à l’initiative de la Russie. En prévision d’éventuelles coupures d’approvisionnement, l’Ukraine va donc produire de l’électricité en priorité avec du gaz afin de reconstituer ses réserves de charbon.
Les sanctions évitent le secteur de l’énergie
L’Europe a déjà pris de nombreuses mesures contre la Russie, en réponse à l’invasion du territoire ukrainien, et devrait continuer d’en appliquer de nouvelles. Ces mesures sont principalement financières, mais s’alourdissent de jour en jour :
- ● L’espace aérien de l’Europe est désormais fermé à tous les vols et toutes les compagnies russes ;
- ● De nombreuses banques ont vu leurs accès coupés ;
- ● Les chaînes d’information russe disponibles sur la télé ont été bannies des programmes ;
La menace de sortir la Russie du réseau Swift pèse également et devrait être mise en application en fin de semaine. Toutefois, les discussions sont en cours pour maintenir l’accès à ce réseau pour quelques banques essentielles au commerce de l’énergie.
Les sanctions européennes devraient donc éviter de trop s’attaquer au secteur de l’énergie, mais ne seront pas sans conséquences pour les industries : avec des restrictions toujours plus nombreuses envers les institutions financières, les paiements pour les contrats de gaz pourraient devenir difficile, entraînant une diminution du flux de gaz naturel.
Les prévisions pour le prix de l’énergie
Si pour l’instant les prix du marché semblent s’apaiser un peu et que les sanctions ne concernent pas encore le gaz russe, la situation pourrait être amenée à changer.
Les bouleversements sont nombreux et rapides depuis que le conflit est ouvert, ce qui appelle à la méfiance des industriels et des consommateurs.
N’oublions pas que l’Europe pourrait, dans un nouveau train de sanctions contre la Russie, décider de limiter d’elle-même les quantités de gaz et de pétrole importées. La proposition a déjà été lancée par la ministre des Affaires étrangères britannique.
La menace d’une rupture de gaz pour les consommateurs est peu probable, en revanche le prix de l’énergie pourrait flamber et se maintenir très haut sur une longue période. En plus d’une facture plus salée pour les consommateurs, cela signifierait aussi une difficulté à reconstituer les réserves de gaz pour l’hiver prochain.
Selon les analystes de Citi, si les prix actuels se maintiennent, l’ensemble de la facture énergétique pour les Européens pourraient être de 1,2 trillion de dollars en 2022. Un montant presque trois fois plus élevé que la moyenne entre 2015 et 2019, dépassant même le pic de la crise de 2008.
Source : Les Echos