Nucléaire : La disponibilité nucléaire du groupe EDF est-elle fragilisée par la crise sanitaire ?
Dans la situation de crise du coronavirus et avec les mesures de confinements prises, la disponibilité nucléaire en France est le sujet qui interroge de nouveau les marchés.
Pour faire face à la crise du Covid-19, le groupe EDF a renoncé à une partie de son objectif de production annuelle nucléaire. Initialement prévu à 375/390 TWh, il a été réduit à 300 TWh. Ce changement a du être communiqué publiquement par le groupe. La directive REMIT impose à EDF une communication officielle de ses prises de décisions concernant ces arrêts nucléaires et toutes actions pouvant impacter le cours des marchés de gros de l’énergie.
La baisse de production s’explique par deux faits:
Suite au confinement, la diminution de la consommation électrique en France de 15% à 20% n’a finalement pas eu un grand impact sur la production nucléaire. Le parc nucléaire a anticipé cette baisse en adaptant son suivi de charge de production renouvelable notamment lors du week-end de Pâques. Mais, la période avril/mai, habituellement avec des prix de marché bas, a poussé EDF à arrêter certains réacteurs pour des raisons économiques et d’optimisation de combustibles.
Dans un second temps, le groupe nucléaire a dû réorganiser son planning des opérations de maintenances de son parc nucléaire. Ses chantiers pour la plupart d’une grande complexité (rechargement de combustibles, visite partielle ou décennale) mobilisent du personnel. Mais le contexte de crise sanitaire a obligé l’électricien à mettre en place des mesures de protection pour ces employés, réduisant le nombre d’intervenants sur place à l’essentiel et perturbant les opérations de maintenance toutes programmées à la sortie de l’hiver 2020.
EDF a donc, une semaine après son annonce officielle, communiqué plusieurs messages REMIT concernant la disponibilité prévisionnelle. Selon un observateur, cette disponibilité relèverait de l’ordre de 350 TWh et non de 300 TWh. Mais ces messages indiquent une disponibilité et non une production réalisée. L’effet de suivi de charge ainsi que les éventuelles pannes ne sont pas anticipés. D’autant plus que cette communication reste optimiste quant aux respects des durées de maintenances.
Au sujet des prévisions, l’exercice 2020 confirme qu’une production de 300 TWh est pertinente avec les plannings 2020. La disponibilité offre/demande sera bien en forte baisse comparée à la moyenne 2015-2019 et devrait se poursuivre jusqu’à mi 2021. L’objectif est donc de trouver un équilibre offre/demande pour l’hiver prochain ce qui reste à voir si dès le mois de septembre les températures se retrouvent sous les normales de saison. La RTE annoncera probablement des mesures exceptionnelles dans un futur proche.
Du coté du planning, l’ASN (l’Autorité de Sureté Nucléaire) s’implique aussi dans le nouveau planning d’EDF, qui serait réalisable grâce à certaines dérogations réglementaires. En cas de difficultés une étude au cas par cas sera possiblement bénéfique concernant les arrêts des réacteurs pour rechargement de combustibles.
Dans tous les cas si la disponibilité offre/demande est révisée à la hausse cet hiver, elle restera largement en dessous des années précédentes et cela rendra probablement la disponibilité plus faible dans le futur.