Nucléaire : « Aucun réacteur en France n’est aux normes post-Fukushima » selon Greenpeace
Tristement célèbres, les catastrophes nucléaires de Three Mile Island (États-Unis, 1979), Tchernobyl (Ukraine, 1986) et Fukushima (Japon, 2011) alimentent, aujourd’hui encore, une crainte certaine quant à l’utilisation du nucléaire. Dans deux rapports, l’un de Greenpeace France, l’autre de l’institut négaWatt, établis sur la base des données transmises par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), on apprend que les réacteurs fonctionnant aujourd’hui n’affichent toujours pas un niveau de sûreté satisfaisant.
Les normes de sûreté nucléaire post-Fukushima respectées « au mieux en 2039 »
L’ONG, en se basant sur « des données disponibles publiquement et des réponses fournies par l’ASN, est en mesure d’affirmer que le parc nucléaire français ne sera pas aux normes post Fukushima avant au mieux 2039, soit avec un retard de presque 20 ans. »
Ce constat est doublé d’un commentaire de la part de Roger Spautz, chargé de campagne Nucléaire chez Greenpeace France, dénonçant une ASN complice d’EDF qui affiche une « incompétence » pouvant conduire à un « accident nucléaire majeur aux dépens de la population. »
Le rapport négaWtatt révèle également que seules 12 des 23 mesures prescrites par l’institut ont été appliquées sur l’ensemble du parc (comptant 18 centrales nucléaires et 56 réacteurs). Certaines comme l’arrêt automatique d’un réacteur en cas de séisme ou la finalisation des raccordements de l’appoint ultime ne seront pas mises en place dans l’ensemble du parc avant 2035 au moins.
L’institut rappelle par ailleurs que la catastrophe nucléaire de Fukushima est en grande partie due à la perte d’alimentation électrique, elle-même provoquée par la perte des diesels d’ultime secours (DUS) bunkerisés pour résister à diverses catastrophes naturelles et autres aléas. Pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise en France, il a été demandé à EDF de construire des DUS dans un délai imparti qui n’aurait pas été respecté comme l’affirme négaWatt : « La mise en œuvre de ce renforcement a été réalisée en retard concernent la grande majorité des sites. »
Le « noyau dur » imposé par l’ASN
L’ASN imposait déjà à EDF, dès 2014 la mise en place d’un « noyau dur », sorte de plan de route lié à la prévention d’un « accident grave affectant le cœur du réacteur ou la piscine d’entreposage du combustible irradié », à la limitation de « conséquences d’un accident qui n’aurait pu être évité » et la possibilité « d’assurer ses missions de gestion de crise » notamment.
Le gendarme du nucléaire a tenu à répondre, par une lettre de réponse, à la demande de Greenpeace au sujet de la mise en œuvre des dispositions définies (pour les centrales EDF) après l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima.
Il précise, au sujet du renforcement de la tenue sismique du filtre de l’évent de l’enceinte de confinement, « qu’à fin 2020, ce renforcement au séisme maximal historiquement vraisemblable (SMHV) est réalisé pour les réacteurs de Bugey 2 et 3 , Tricastin 3 et 4, Cattenom 2, Belleville 1, Nogent 2, Civaux 1 et Chooz B1 et B2. EDF a pour objectif d’avoir terminé ces renforcements fin 2022 pour tous les réacteurs. »
De son côté, l’énergéticien français, endetté, a récemment fait état d’un manque de moyens pour mener à bien ces travaux complémentaires de sûreté en plus de la refonte de ses réacteurs arrivant à leur quarantième année (l’ASN a d’ailleurs autorisé la prolongation de ces derniers de 10 ans il y a quelques semaines).
Les rapports de Greenpeace et de négaWatt, rendus publics il y a quelques jours, sont consultables ici.