Nord Stream 2 enfin achevé
14.09.2021 | Vendredi 10 septembre, le projet de longue date Nord Stream 2 a été annoncé comme terminé par son constructeur, Gazprom. Après plus de 3 ans de construction et 10 milliards d’euros d’investissement, le gazoduc devrait pouvoir entrer en service à la fin de l’année 2021.
Un chantier sur toile de tensions politiques
L’histoire de Nord Stream 2 aura été longue et tendue. Ce gazoduc construit sous la mer Baltique doit permettre d’alimenter l’Europe en passant par l’Allemagne. Capable de fournir deux fois plus que Nord Stream 1, le projet de Gazprom a cependant rencontré un obstacle de taille pendant sa conception : les États-Unis, inquiets que le transit de gaz ne passe plus par l’Ukraine, ont longtemps bloqué la fin de la construction par la menace de sanctions.
Estimé comme mauvais pour l’Europe, le gazoduc Nord Stream 2 a causé de vives tensions entre les Washington et Moscou. La Russie assure aujourd’hui plus d’un tiers de la consommation en gaz de l’Europe et avec le déclin progressif de la production des Pays-Bas, son emprise sur le marché ne peut que se renforcer. Le trajet du nouveau gazoduc contournant l’Ukraine, pays allié des États-Unis, ces derniers étaient inquiets que les revenus issus du transit de gaz ne prive le pays d’une part importante de ses revenus.
Mais Washington a été soupçonné de protéger ses intérêts sous couvert de défendre l’Ukraine, car étant lui-même importateur de gaz en Europe pour un prix assez élevé, cette concurrence aux tarifs plus attractifs n’est pas la bienvenue.
Cependant, lors d’un sommet en juin entre le président américain Joe Biden et le président russe Vladimir Poutine, les menaces de sanctions ont été abandonnées pour permettre la fin de la construction. Estimant qu’il était trop tard pour faire marche arrière sur le projet, le président américain préfère miser sur la coopération avec l’Allemagne qui a toujours défendu le chantier de Nord Stream 2. Une décision qui vaut au président d’outre-atlantique de nombreuses critiques de la part du parti adversaire, mais également au sein de son parti et chez les lobbies gaziers.
Un accord a cependant été noué avec l’Allemagne pour faire planer la menace de nouvelles sanctions pour la Russie en cas de mauvaise utilisation de Nord Stream 2. Berlin et Washington se sont également engagés auprès de l’Ukraine pour essayer de compenser les pertes engendrées. Ils demandent à ce que le gaz continue de passer par le pays après 2024.
Nord Stream 2, financé par de gros acteurs européens de l’énergie
10 milliards d’euros de construction pour une capacité annuelle de 55 milliards de m3 de gaz transportés à travers la mer baltique. Le gros bébé de Gazprom devrait bientôt pouvoir se mettre au travail.
Mais son achèvement n’aurait pas été possible sans la participation de 5 groupes européens : Engie, Shell, Uniper, Wintershall et OMV. Aucun de ces partenaires n’est actionnaire du gazoduc, mais tous se sont engagés à participer pour moitié au budget de construction. Un engagement qui n’aurait pas été possible sans l’accord des pouvoirs politiques de chaque pays concernés.
Pourtant, en dehors de l’Allemagne qui était très engagée sur le sujet, la plupart des pays européens ont longtemps débattu du bienfondé de Nord Stream 2. Préoccupations environnementales, inquiétudes vis-à-vis des pertes pour l’Ukraine, tous les acteurs de l’Europe n’étaient pas d’accord sur le devenir du gazoduc.
Bruxelles, en particulier, était inquiet de voir la mer Baltique devenir le point névralgique des importations russes, concentrant désormais 80% de l’activité.
Le projet aura donc connu de nombreuses oppositions, des retards multiples et compte aujourd’hui encore des opposants. Cependant, avec l’achèvement du chantier et la prochaine mise en service, il n’est plus temps de s’opposer à Nord Stream 2.