Nord Stream 2 : le projet (une fois encore) menacé par les députés européens

Les jours passent et l’achèvement du gazoduc Nord Stream 2 semble s’éloigner. Jeudi 21 janvier, le Parlement européen a demandé aux États membres de l’Union européenne de durcir les sanctions contre la Russie et d’interrompre l’achèvement de Nord Stream 2, dont le chantier a débuté courant 2018. Celui-ci, faisant suite à Nord Stream 1, prévoit de doubler les capacités d’exportation du gaz russe vers l’Allemagne via la mer Baltique, et de transporter 55 milliards de mètres cubes de gaz par an.

De nombreux opposants au projet Nord Stream 2, dont les États-Unis

Plusieurs pays d’Europe de l’Est, dont la Pologne et l’Ukraine, se sont farouchement opposés à la construction du gazoduc dès le début du projet. Les États-Unis, également mis en cause dans ce ralentissement du projet, craignent eux aussi que ce projet alimente un peu plus la dépendance de l’Europe au sujet du gaz russe.

De plus, l’Ukraine souligne le fait que la Russie puisse contourner des axes énergétiques passant par son territoire et craint de ne plus percevoir les redevances de transit du gaz russe.

Les entreprises participantes à la construction de Nord Stream 2 sanctionnées

Preuve de cette tension grandissante autour de Nord Stream 2, les États-Unis et la Pologne ont pris des sanctions contre plusieurs entreprises participantes au projet. Engie en a d’ailleurs fait les frais, puisque l’énergéticien français a écopé d’une amende de près de 40 millions d’euros de la part de Varsovie, par l’intermédiaire de l’autorité de la concurrence polonaise (UOKiK).

Cette dernière n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’elle avait, de la même manière, infligé une amende de près de 6,5 milliards d’euros au géant Gazprom qui a démarré le projet sans son accord. Si Gazprom est majoritairement impliqué dans le projet, une partie du financement du gazoduc provient également des allemands Uniper et Wintershall, de l’anglo-néerlandais Shell, l’autrichien OMV et donc d’Engie. 

L’Allemagne entre deux eaux ?

Berlin a fait savoir son mécontentement vis-à-vis de Washington par le biais de Ulrike Demmer, porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel : « [Les mesures américaines] affectent des sociétés allemandes et européennes et constituent une ingérence dans nos affaires intérieures. » 

Ce projet controversé de gazoduc prend un peu plus plomb dans l’aile avec l’arrestation du leader de l’opposition russe, Alexei Navalny, le 17 janvier. Un temps soutenu par l’Allemagne, le projet Nord Stream 2 et Moscou pâtiront certainement des récentes violentes répressions des partisans de l’opposant n°1 au Kremlin et des « preuves sans équivoque » détenues par Berlin depuis septembre 2020 quant à l’empoisonnement de Nalvany.

Pour autant, l’Allemagne ne pourra que difficilement se passer du gaz russe plutôt bon marché. La ministre allemande de l’Environnement rappelait, le 23 janvier, que « l’Allemagne aura besoin de gaz naturel pendant une période de transition après la suppression progressive du charbon et de l’énergie nucléaire » jusqu’à ce que le pays « ne devienne totalement climatiquement neutre. » 

Sur le plan économique, cette annulation aurait également de lourdes conséquences. « Cela serait une première, car cela traduirait un gâchis important » confiait Jacques Percebois (directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie, le CREDEN) à Sputnik News. Sur les 2 460 kilomètres du projet, seuls 148 kilomètres de tuyaux restent à poser pour achever un projet achevé à 90% et estimé à près de 10 milliards d’euros.

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