La cour des comptes, un obstacle sur la route des EPR
– 09/07/2020 –
Ce jeudi 9 juillet, la cour des comptes a publié son rapport sur la filière EPR française. Ce rapport pourrait influencer la décision de la France concernant son investissement dans un futur parc nucléaire.
La cour des comptes a demandé un bilan des chantiers en cours et les prévisions jusqu’à 2050 avant de décider du sort des projets de nouveaux réacteurs nucléaires en France. «Le retour d’expérience des chantiers menés et la planification du mix énergétique à horizon 2050 sont nécessaires avant de décider de construire ou non de nouveaux réacteurs électronucléaires», a déclaré, lors d’une conférence de presse, le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici.
La cour des comptes remet en question l’avenir des réacteurs nucléaires en pointant du doigt l’accumulation des surcoûts, des retards et des nombreuses soudures que le groupe EDF a géré concernant l’EPR de Flamanville. Ce réacteur nucléaire de troisième génération représenterait, selon elle, un “échec opérationnel, des dérives de coûts et des délais considérables”. Le président de la cour a d’ailleurs précisé que ce dernier ne serait mis en service qu’en milieu 2023.
En se basant sur la construction de l’EPR finlandais par Siemens et Areva, cette dernière s’interroge finalement sur la capacité du groupe nucléaire français à gérer l’EPR de Flamanville.
Les finances de l’EPR de Flamanville
Le coût total du chantier de l’EPR a été annoncé dans le rapport de la Cour des Comptes. Initialement prévu pour 2012, il devait coûter 3.4 milliards d’euros. Après plusieurs reports et aléas sur le chantier, EDF a estimé que l’EPR de Flamanville pourrait commencer à produire de l’électricité nucléaire en 2023 et que son budget serait égale à 12.4 milliards d’euros.
Mais le calcul plus précis de la cour des comptes ajoute des coûts supplémentaires à la note de l’EPR d’un montant de 6.7 milliards d’euros. Le total serait finalement égale à 19.1 milliards d’euros. En effet, selon Le monde, la cour des comptes s’est basée sur les surcoûts engendrés lors des retards de constructions et des dépenses de mise en service du réacteur comme les charges fiscales, les pièces de rechange etc.
Ces coûts complémentaires auraient une répercussion sur la rentabilité de l’EPR de Flamanville. La cour des comptes informe aussi qu’EDF ne peut plus financer seul la construction de nouveaux réacteurs. Selon le journal Le monde, le coût de l’électricité produit par cette machine serait situé entre 110 et 120 euros le mégawattheure. Ce coût aurait été gardé secret depuis le début du projet d’EDF représentant le double de celui de l’électricité produite aujourd’hui.
Au sujet des autres projets de l’électricien, ceux-ci seraient une “lourde charge pour les finances d’EDF” selon la cour des comptes. La décision finale concernant la construction de nouveaux réacteurs ne sera rendu qu’au prochain quinquennat.