Hydrogène bleu : ses bénéfices écologiques remis en question
16.08.2021 | Un article paru dans la revue Energy Science and Engineering a pointé du doigt l’hydrogène bleu et ses conséquences sur l’environnement. Cette solution, pourtant censée être plus propre, aurait finalement plus de retombées négatives en termes de pollution.
Hydrogène bleu ≠ hydrogène vert
Si l’étude incrimine l’hydrogène dit « bleu », c’est parce qu’il s’agit d’une énergie récoltée différemment que l’hydrogène vert dont on entend régulièrement parler dernièrement. Bien que l’hydrogène de façon générale soit désormais considéré comme une énergie propre qui pourrait être une bonne alternative au pétrole ou au nucléaire, comme l’énergie solaire ou éolienne, il faut différencier le bleu du vert car leur mode de production est différent. Il entraine donc des conséquences différentes.
L’hydrogène vert est produit à partir d’électricité d’origine renouvelable par électrolyse de l’eau. Le procédé ne dégage donc aucun gaz à effet de serre et n’impacte pas négativement les émissions de carbone.
En revanche, l’hydrogène bleu est obtenu par procédés thermochimiques à l’aide d’énergies fossiles, puis en captant le CO2 émit par le processus et en le réutilisant ou en le stockant.
On comprend mieux que l’étude dans Energy Science and Engineering remette en question cette source d’énergie alternative. D’après ses auteurs, l’hydrogène bleu pourrait entraîner des émissions de gaz à effet de serre encore plus élevées que l’utilisation du charbon. Dans ces conditions, son utilisation dans le but de soutenir une transition écologique semble difficile à justifier, comme le souligne l’étude qui a été publiée le 12 août dernier.
Des politiques environnementales à revoir
Les résultats de cette étude alertent donc sur l’utilisation de l’hydrogène bleu. Si en France de nombreuses initiatives ont vue le jour, c’est à l’hydrogène vert que l’on confie le rôle d’énergie alternative et propre. En revanche, d’autres pays comme les États-Unis misent sur l’hydrogène sans distinction et pourraient donc encourager la production d’une énergie finalement pas si propre que ça.
Le Sénat américain a d’ailleurs adopté mardi un projet de loi comprenant un financement de 8 milliards de dollars pour créer au moins quatre centres régionaux d’hydrogène propre. Mais ce qui est qualifié d’hydrogène propre comprendrait, d’après certains experts, de l’hydrogène bleu.
Outre le mode de production qui n’est pas tout à fait écologique puisqu’il dépend des énergies fossiles, c’est surtout contre le stockage du CO2 que l’étude met en garde. Les chercheurs estiment que seul un stockage à long terme et surtout sans aucunes fuites vers l’atmosphère pourrait rendre l’hydrogène bleu intéressant.
Les auteurs concluent leur article en soulignant que la production d’hydrogène bleu est plus susceptible d’être une « distraction » qui retarderait des actions plus efficaces pour décarboner l’économie de l’énergie mondiale plutôt qu’une véritable solution durable.