La fin de l’huile de palme chez TotalEnergies
Si l’huile de palme, à l’origine du biocarburant, a été une ressource peu coûteuse pour les industriels, TotalEnergie a annoncé renoncer à son utilisation d’ici à 2023. Sous la pression de nombreuses ONG, le groupe pétrolier a accepté de renoncer totalement à cette matière première. La bioraffinerie de la Mède va donc se reconvertir.
Un combat contre l’huile de palme pour l’environnement
La production d’huile de palme est aujourd’hui la source la moins chère en matière première dans la création de biocarburants. Cependant, la culture de cette plante est depuis longtemps décriée par les associations de défense de l’environnement.
Elle représente 25% de la consommation mondiale d’huile végétale et chaque année, 15 millions de tonnes sont produites. Mais pour faire de la place à tous ces palmiers, de nombreuses forêts tropicales sont rasées, entraînant la disparition d’espèces en danger et la réduction de l’habitat de nombreux animaux.
ONG et associations de lutte pour l’environnement alertent sur les dangers de la production massive de cette huile. Ils s’étaient fédérés pour faire pression sur le groupe TotalEnergie, dont la bioraffinerie près de Marseille peut produire annuellement jusqu’à 500 000 tonnes de biocarburant pour une importation d’huile de palme de 100 000 tonnes par an.
Patrick Pouyanné, PDG du groupe a reconnu en début de semaine avoir mésestimé l’impact négatif de l’huile de palme et a pris la décision de ne plus se fournir en huile, à la Mède comme dans toutes ses autres installations de biocarburant à travers le monde.
Bien qu’il s’agisse d’une décision qui ne remette pas en question le business model de l’entreprise (cette dernière reposant plus sur les énergies fossiles que sur la production de biocarburants), il s’agit d’un geste symbolique fort.
Quel impact financier pour TotalEnergies ?
La production de biocarburant restant anecdotique pour le grand groupe pétrolier, il ne faut pas s’attendre à un impact trop négatif pour TotalEnergies. Patrick Pouyanné a même dévoilé au journal La Provence être “convaincu que faire du biocarburant à base d’huile végétale a maintenant moins d’avenir, car on se heurte à la question de l’affectation des terres agricoles”.
De plus, l’huile de palme a été exclue de la liste des biocarburants bénéficiant d’une fiscalité allégée par vote de l’Assemblée nationale en 2018 et confirmée par une décision du Conseil d’État en 2020. Les biocarburants créés à partir de l’huile de palme n’étant plus vendus qu’aux Pays-Bas et en Allemagne, le marché ne représente plus autant d’attrait pour les groupes industriels. De quoi appuyer la décision de TotalEnergies.
Quant à la bioraffinerie de la Mède qui emploie encore 250 personnes, elle ne sera pas abandonnée. Le site sera adapté pour abriter le développement de filières de résidus, c’est-à-dire la revalorisation d’huiles usagées, de graisses animales, d’huiles de fritures…
L’achat d’un biométhaniseur est également envisagé afin de produire du biogaz.