La filière nucléaire est menacée par Bruxelles et l’Allemagne
10.09.2021 | Malgré les efforts de Paris, l’avenir du nucléaire est menacé par les décisions européennes. Un choix qui ne dépend pas de la France et qui pourrait coûter cher, y compris à l’environnement.
Bruxelle boude le nucléaire
Aujourd’hui source des deux tiers de l’énergie électrique en France, le nucléaire est aussi producteur d’une énergie 100% décarbonée. Aucunes émissions de CO2 donc, contrairement à l’utilisation d’hydrocarbure, d’énergies fossiles, ou même de gaz.
Malheureusement le nucléaire ne plait pas à Bruxelles, qui l’a exclu du bénéfice du plan de relance qui devait être financé par emprunt. Pire encore, dans la liste des investissements recommandables sur le plan environnemental, la technologie nucléaire n’est pas présente.
Pourquoi tant de méfiance vis-à-vis de cette filière énergétique ?
Ce que Bruxelles redoute, ce sont les risques d’incidents comme à Fukushima, ainsi que la gestion des déchets nucléaires qui peuvent rester dangereux pendant de très longues décennies.
Il faut donc décider entre un risque réel à court terme (trouver une nouvelle source d’énergie potentiellement émettrice de CO2 en quantité) et un risque hypothétique à long terme (un incident dans une centrale conduisant à une catastrophe nucléaire).
Alors que la transition écologique fait toujours plus d’avancée, certains soutiennent qu’il serait plus intelligent de conserver le nucléaire au moins jusqu’à trouver des solutions décarbonées permettant de le remplacer, tandis que d’autres préfèrent l’abolir complètement, même si cela signifie se reposer sur des ressources émettrices de CO2.
La décision de Bruxelles a d’ailleurs été largement appuyée par Berlin, qui a déjà fait le choix de sortir du nucléaire.
L’énergie nucléaire est menacée de disparaître ?
Le problème, c’est qu’en s’opposant si ouvertement au nucléaire et à ses investissements, Bruxelles met des bâtons dans les roues à un projet de remplacement.
Passer d’un parc nucléaire à une autre technologie capable de fournir deux tiers de l’électricité demanderait des milliards d’euros d’investissements. Mais quelle banque accepterait de financer de tels projets si l’atome est stigmatisé ?
C’est ce qu’il s’est produit pour la filière du charbon : jugé nuisible à l’environnement, cette énergie a été rayée de la liste des investissements recommandables. En conséquence, les actionnaires des banques ont interdit tout soutien à des projets concernant le charbon, faisant sombrer la filière. Une bonne nouvelle pour l’environnement qui ne pouvait plus absorber la quantité massive de CO2 rejetée par l’utilisation du charbon.
Le même destin attend-il le nucléaire ?
La réaction de la France
Face à cette condamnation du nucléaire, Paris s’est exprimé très vivement : “Le nucléaire n’est pas négociable” a dit un dirigeant politique français devant les responsables européens et tout particulièrement allemands.
Le secteur génère 400 000 emplois et est étroitement lié à la dissuasion nucléaire française, un élément stratégique important et historique.
Le dialogue pourrait s’envenimer prochainement si, après élections, le parti des Verts montait au pouvoir à Berlin. Très favorablement placé dans les sondages, il ne cache pas son hostilité face au nucléaire et un conflit franco-allemand pourrait survenir sur la question de l’atome.
Cependant, des élections sont aussi en préparation en France et à l’aube des campagnes politiques, les candidats ne veulent pas froisser les électeurs sensibles aux questions écologiques.
Il faut tout de même relever que ce jeudi 9 septembre, à 4 heures, la France n’émettait que 41 grammes de carbone par kwh d’électricité grâce à ses centrales, tandis que l’Allemagne émettait au même moment 448 grammes de CO2, soit 11 fois plus, à cause de son utilisation du charbon. Quant à la Pologne, elle émettait 700 grammes de carbone par kwh, autrement dit 17 fois plus que la France.
Si la filière nucléaire est menacée, l’environnement l’est tout autant par les émissions de gaz à effet de serre et les particules fines.