Éolien en mer : la France « déterminée » à accélérer son déploiement

Alors que l’hydraulique et le solaire ont été les fers de lance des énergies renouvelables (EnR) en France en 2020, le gouvernement souhaite accélérer la « mise au vert » du pays et promouvoir l’éolien en mer, dans un contexte où la transition énergétique doit prendre un nouveau tournant avec les objectifs de 2030 et de 2050.

L’éolien en mer, « vital pour la massification des énergies renouvelables dans notre pays » 

Parmi les stratégies pour mettre en avant les énergies « vertes » figurent l’éolien en mer. À ce sujet, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili est « déterminée à ce que nous accélérions enfin le déploiement de l’éolien en mer, vital pour la massification des énergies renouvelables dans notre pays. »

La France mise donc sur un développement massif de l’éolien marin. Régis Boigegrain, directeur exécutif des affaires maritimes du gestionnaire de réseau de transport français (RTE) fonde de solides espoirs sur cette production d’énergie verte : « Quand on se projette à 2050 avec une ambition politique d’équiper de l’ordre de 50 GW de capacités installées d’éoliennes en mer sur les façades françaises, on va avoir besoin du flottant de manière majoritaire. »

Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 200 salariés du responsable du réseau public qui œuvrent à développer le raccordement en mer, à temps plein, avec un but rappelé par Barbara Pompili, « que les premiers parcs d’éoliens en mer s’installent dans notre pays, et que nous tirions pleinement parti de tout son potentiel, dans une logique de décarbonation et d’équilibre de notre mix énergétique entre différentes sources de production. »

L’exécutif a lancé eoliennesenmer.fr, un site conçu avec le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA) permettant de consulter en détail les différents projets d’éoliennes en mer. Pour rappel, sept projets d’éolien en mer (pour une puissance de 3,6 GW) ont d’ores et déjà été attribués au titre de trois procédures de mise en concurrence entre 2011 et 2016. On dénombre :

  • 4 projets dans le Nord du pays : Courseulles-sur-Mer, Dieppe-Le Tréport, Dunkerque, Fécamp ;
  • 3 à l’Ouest : Saint-Brieuc, Saint-Nazaire et Yeu-Noirmoutier.

Aussi, quatre parcs d’éoliennes flottants ont été attribuées en 2016 : deux en Normandie et en Bretagne et deux autres en Méditerranée et en zone Sud-Atlantique.

L’éolien en mer encore en proie à de vives critiques

Pourtant, malgré les près de 5 000 éoliennes en mer en service en Europe, aucune ne l’est en France, ce qui pourrait bien mettre en péril l’objectif fixé par RTE, à savoir le développement de 10 à 15 GW d’éolien en mer d’ici à 2035. Le temps presse donc pour cette filière, qui devrait néanmoins profiter du développement d’un nouveau parc éolien prévu au large du Cotentin. Le ministère de la Transition écologique et le ministère de la Mer ont tous deux retenu cette zone pour la mise en service d’un parc éolien maritime en 2028, après un long débat public entre novembre 2019 et août 2020.

En plus des critères de faisabilité qu’il faut prendre en compte se dégage une difficulté avec laquelle le gouvernement doit composer : celle de l’opposition manifestée par les pêcheurs de la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) concernant le parc éolien en construction, dont l’achèvement est prévu pour 2023. Le début des travaux prévu pour le lundi 3 mai, a pris du retard, notamment en raison du mécontentement de certains locaux. Marie-Paule Allain, adjointe à l’urbanisme et à l’environnement à la mairie Erquy (Côtes-d’Armor) fait état de ses réticences :

« En 2008, j’étais favorable à l’éolien, a priori. Après avoir travaillé plus de dix ans sur le dossier, j’y suis totalement opposée. C’est une énergie intermittente subordonnée à une énergie fossile, qui nécessite des terres rares, des investissements exorbitants, des chantiers colossaux extrêmement nuisibles à la nature. »

Pour ne rien arranger, un autre projet de parc éolien au large de Dunkerque (Nord) fait couler beaucoup d’encre et menace de ternir les relations franco-belges. Le vice-Premier ministre Vincent Van Quinckenborne est formel : la Belgique n’a « pas été [consultée] sur cet emplacement. » 

La quarantaine d’éoliennes de 300 mètres de haut à tout juste 10 kilomètres des eaux belges prévus pour 2027 attise les crispations. Mais cela ne semble pas freiner les volontés de la France : la ministre a prévenu que « le gouvernement est déterminé à conduire tous ces projets à leur terme », qui ajoute qu’elle « ne tolérera pas [des] actes de violences », faisant écho aux tensions ayant eu lieu à Saint-Brieuc où des pêcheurs ont encerclé un navire participant à la construction dudit parc éolien en mer.

L’alternative de l’éolien flottant

Si les impératifs environnementaux sont pointés du doigt par les opposants aux projets d’éolien en mer, il reste l’éolien flottant, moins impactant pour les fonds marins et pouvant prendre place dans des zones moins exploitées par les marins-pêcheurs. Et si son coût de construction (et d’exploitation) fait également débat, les nombreux candidats à la construction de ces projets permettront au gouvernement de faire diminuer les coûts qui augmentent à mesure que l’ « on s’éloigne de nos côtes », comme le rappelle Régis Boigegrain.

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