EDF : un bilan 2020 fortement affecté par la crise sanitaire de la Covid-19
Il y a quelques semaines, EDF a tourné la page d’une année particulière, à l’image d’autres fournisseurs du secteur. La crise de la Covid-19 est bien sûr en cause, mais elle ne suffirait à justifier à elle seule ce manque à gagner. En effet, des « surcoûts exceptionnels » et plusieurs grèves en fin d’année n’ont pas été étrangères à ce bilan 2020 plus que mitigé communiqué par le groupe, jeudi 18 février.
Une chute vertigineuse de 87% du bénéfice net
La baisse de la consommation d’électricité et la baisse de la production nucléaire due à la crise sanitaire ainsi qu’aux mouvements sociaux ont fait baisser l’EBITDA (Earnings before interest, taxes, depreciation, and amortization ou bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements) d’1,5 milliard d’euros.
Le fournisseur historique explique que cette baisse est « en lien principalement avec le nucléaire en France (- 0,7 milliard d’euros), avec la baisse de la demande associée à un ralentissement des chantiers et des activités de services auprès des clients (- 0,6 milliard d’euros), ainsi qu’avec la baisse des volumes distribués et des travaux de raccordement affectant les activités de distribution (- 0,2 milliard d’euros). »
EDF accuse donc le coup et prévoit un manque de plus de 2 milliards d’euros dû à la crise toujours en cours. De ce fait, un plan de réduction des charges opérationnelles de 500 millions d’euros a été prévu d’ici 2022 qui a pour objectif : « compenser les impacts de la crise sanitaire sur la situation financière du Groupe » qui rappelle en outre qu’« à fin 2020, 221 millions d’euros de réduction des coûts ont été réalisés. »
Le chiffre d’affaires d’EDF est de 69 milliards d’euros pour l’année 2020, en baisse de 3,2% par rapport à l’année précédente. Le résultat net part d’EDF réalise une chute vertigineuse de 87,4% et passe d’environ 5 milliards d’euros… À 650 millions d’euros. Le fournisseur évoque « des surcoûts exceptionnels liés à la reprise des soudures de traversée de Flamanville 3 », ce sont 397 millions d’euros qu’EDF a dû dégager pour que son réacteur réponde aux normes.
Nous vous l’annoncions il y a quelques semaines, EDF annonçait une production annuelle de 335 TWh pour l’année 2020, soit une baisse de 12%. Sur les 44,1 TWh de moins par rapport à 2019, environ 33 TWh sont imputables à la crise de la Covid-19.
EDF a d’ailleurs livré plusieurs éléments de réponse à ce sujet : « [la Covid-19] a, d’une part, rallongé la durée des arrêts du fait de la mise en place des protocoles sanitaires et, d’autre part, imposé une réorganisation complète du planning d’arrêts. Par ailleurs, l’année 2020 a été marquée par la prolongation des arrêts de Flamanville 1 et 2 et de Paluel 2. Les deux réacteurs de Fessenheim ont fait l’objet d’une mise à l’arrêt définitif en 2020 suite à la décision de fermeture anticipée de la centrale par le Gouvernement français. »
Une « résilience du groupe EDF » malgré un contexte sanitaire difficile
Malgré différentes grèves, une crise sanitaire très coûteuse et des opérations de l’ordre de l’exceptionnel, l’énergéticien français met en avant une « résilience des activités » opérationnelles et financières face à la crise sanitaire. EDF échappe également à la limite d’endettement qu’il s’était fixé en début d’année puisque l’endettement net rapporté à l’EBITDA est inférieur à 3x et s’établit à 2,61x (42,3 milliards d’euros d’endettement financier net).
L’énergéticien français voit en 2021 une année lui permettant de repartir à la hausse avec un EBITDA prévu supérieur à 17 milliards d’euros (contre 16,17 milliards d’euros en 2020). En termes de production, EDF prévoit des chiffres compris entre 330 et 360 TWh et table, au niveau des énergies renouvelables, sur 60 GW de capacités installés, c’est 10 GW de plus qu’en 2020.
Selon Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF, les années 2021 et 2022 sont sécurisées en termes de finances, notamment grâce à 3 milliards d’euros de cessions sur la période 2020-2022. « Il ne faudra toutefois pas se reposer sur ces acquis au vu du contexte incertain à bien des égards : avec une révision de l’ARENH toujours discutée et d’importants travaux pour prolonger la durée de vie de ses centrales nucléaires (dont le chantier est estimé à 15 milliards d’euros par an), EDF compte sur le (controversé) projet Hercule pour éviter le court-circuit de ses activités.