Combustibles nucléaires : une saturation des capacités de stockage et une production interrompue en 2030 ?

« Attention danger ! » C’est en ces termes que l’on pourrait dépeindre l’épineuse situation du site de La Hague (Manche) et des exploitants français à savoir EDF et Orano qui pourraient bientôt manquer de place pour stocker leurs combustibles nucléaires usés.

L’usine de traitement des déchets nucléaires de La Hague arrivera bientôt à saturation

Le temps presse pour le site de retraitement de La Hague. Pourtant, « cela fait dix ans qu’il y a un consensus pour dire que la France va manquer de capacités d’entreposage des combustibles nucléaires usés à l’horizon 2030 », rappelle le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Bernard Doroszczuk.

Le fournisseur historique se déleste chaque année de plus de 1 100 tonnes de combustibles usés. Après un traitement et un refroidissement dans les piscines des centrales nucléaires, celui-ci se retrouve à La Hague quelques années plus tard pour être de nouveau refroidi et traité. Orano faisait état de 9 800 tonnes de déchets nucléaires entreposés à La Hague fin 2019.

Ce « véritable défaut d’anticipation » et la possible saturation de la capacité maximale de 14 000 tonnes pourrait mener à « un coup d’arrêt » pur et simple de la production nucléaire d’ici 2030 si aucune solution de stockage desdits combustible n’est trouvée. Le président demandait en juin 2020 à EDF et Orano « qu’ils prennent le sujet en main pour aboutir au plus tôt à la création de capacités d’entreposage soit sous eau soit à sec. »

Si EDF avait bien soumis une proposition de construction d’une autre piscine d’une capacité de 6 500 tonnes sur le site de La Hague, celle-ci prendra du retard a annoncé Anne-Cécile Rigail, directrice générale adjointe de l’ASN : « EDF devait remettre la demande d’autorisation de création de cette installation fin 2020 mais a pris du retard. Le groupe a décidé de reprendre le design de cette piscine […] On sait déjà que ce projet ne sera pas au rendez-vous de 2030 car EDF envisage une mise en service en 2034. »

Quelle solution de secours envisager pour traiter ces combustibles nucléaires usés ?

Alors, quelle alternative pourrait être envisagée pour éviter un arrêt de la production nucléaire ? 

Il serait possible de stocker le combustible usé dans des conteneurs, « à sec », plutôt que dans des piscines, comme le suggérait l’ACRO (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest) en octobre 2020. Cette possibilité permettrait d’éviter « de mettre tous les déchets au même endroit et d’éviter aussi du transport. » 

Quelle que soit l’option envisagée, il ne faudra pas traîner : au-delà de ce qu’un stockage de déchets nucléaires hautement radioactifs implique en termes de risques, la production d’électricité nucléaire serait sérieusement impactée d’ici une dizaine d’années, bien qu’« à très court terme et à court terme, on ne court pas de risque », assure Adrien Manchon, chef de la division de Caen de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

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