CO2 : des datacenters nouvelle génération aux émissions neutres en Allemagne
Avec un objectif de décarbonation (réduction du CO2) d’« au moins » 55 % d’ici à 2030, l’Union européenne et ses membres veulent « renforcer leur position dans le monde comme [des leaders] du combat contre la crise climatique », a rappelé Joao Pedro Matos Fernandes, ministre portugais de l’Environnement.
Les solutions se multiplient pour réduire les émissions de CO2 de divers secteurs. Parmi elles, une nouvelle génération de datacenters (ou centres de données), basés en Allemagne, qui n’émettraient pas de CO2.
De « véritables usines à fabriquer de la chaleur »
Avec l’avènement des nouvelles technologies, notre consommation du numérique, à des fins personnelles ou professionnelles, a bondi, à tel point qu’elles représentent aujourd’hui près de 4 % des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.
Envoi de mails, recherches Internet et achats en ligne… Chaque jour, les serveurs du monde entier sont très sollicités et la moitié de la consommation électrique des centres de données est consacrée aux différents procédés permettant de refroidir lesdits serveurs. Ces centres de données ne sont pas qu’«un lieu de stockage de données, c’est aussi une véritable usine à fabriquer de la chaleur », explique François Salomon, spécialiste du « freecooling » (refroidissement des serveurs grâce à l’air extérieur la nuit ou en période hivernale).
Windcloud, hébergeur de données allemand, va au-delà des procédés de refroidissement par l’eau (ou « watercooling ») que l’on connaît déjà (ci-dessous un exemple (en anglais) de « watercooling »).
Windcloud a inauguré, fin août 2020, un datacenter de nouvelle génération, aux émissions neutres en CO2. Situé tout proche de la frontière danoise, à Enge-Sande (Nord de l’Allemagne), ce centre de données se distingue en ce sens qu’il n’utilise que de l’énergie renouvelable.
Fonctionnant à 98 % grâce à l’éolien, une énergie largement disponible dans cette région de l’Allemagne, le datacenter contribue d’ores et déjà à réduire ses émissions de carbone. Mais là n’est pas la seule originalité de ce bâtiment. En effet, il fait également office de… Ferme d’algues spirulines de 240 m².
Des algues dans un datacenter pour capter le CO2
On connaît la spiruline pour ses nombreuses vertus : riche en protéines et en micronutriments, renforce les défenses immunitaires… L’algue à la teinte bleue verte fait beaucoup parler d’elle et profite d’une popularité grandissante dans plusieurs régions du monde, notamment en France.
La chaleur produite par le centre de données est utilisée pour faire pousser ces petites algues (revendues pour être consommées en tant que complément alimentaire) comme l’explique Jan-Peter Schneider, Account manager chez Axians, une marque de Vinci Energies : « La chaleur produite par le site est utilisée pour faire pousser les algues. En retour, les algues absorbent une grande quantité de dioxyde de carbone. »
Wilfried Ritter, co-directeur de Windcloud, déclare qu’ « en combinant alimentation en énergie renouvelable, utilisation directe de la chaleur résiduelle et réduction du CO2, nous nous rapprochons de manière décisive de notre vision d’un centre de données absorbant le CO2. » Ainsi, si la chaleur du datacenter d’Enge-Sande est réutilisée, contrairement à de nombreux centres de données où elle est gâchée, elle permet également à la spiruline de capter le CO2 produit.
Cliquez ici pour en savoir plus sur le fonctionnement du site d’Enge-Sande (article en allemand).
Collaborant avec NOVAgreen, Windcloud compte signer d’autres partenariats similaires pour construire de nouvelles installations répondant aux mêmes exigences et reproduisant le cercle vertueux du site d’Enge-Sande. La construction d’un bâtiment est prévue à Bramstedtlund, en Frise du Nord, toujours près de la frontière danoise.