Centrale nucléaire de Flamanville : l’ASN met en demeure EDF après un exercice d’urgence inopiné

L’autorité de sûreté du nucléaire (ASN), « gendarme » du nucléaire, s’est prononcé : EDF et sa centrale de Flamanville ne répondent toujours pas aux exigences imposées par l’ASN qui lui a demandé de mettre à jour son plan d’urgence interne d’ici au 16 avril 2021. Le temps est donc compté pour l’énergéticien français qui compte faire démarrer un réacteur nucléaire nouvelle génération dans deux ans.

L’exercice d’urgence raté de la mi-janvier

Il faut revenir dans la nuit du 11 au 12 janvier pour comprendre cette décision de l’ASN à l’encontre d’EDF. Il y a près de deux mois, l’Autorité de sûreté du nucléaire décide d’une inspection inopinée en lançant un exercice d’urgence dans le but de mettre à l’épreuve la réactivité des agents EDF du site de Flamanville. 

Les conditions météorologiques se prêtaient tout à fait à un exercice d’urgence imaginé par l’ASN qui s’interrogent sur le système de refroidissement des réacteurs, notamment en temps enneigé comme cette nuit-là.

L’exercice débute à 23h15, le déclenchement du plan d’urgence interne a lieu à 23h31 et les agents d’astreinte arrivent 23h57. Il a fallu attendre jusqu’à 1h25 du matin pour que la Préfecture de la Manche ne soit prévenue. Ce n’est que 18 minutes plus tard que l’ASN soit avisée de la situation. Ce temps de réaction a été jugé insuffisant par l’ASN pour protéger la population aux alentours en cas de réel problème des réacteurs du site de Flamanville. 

Cette situation d’urgence, « relevant d’une agression naturelle extrême, entraînant l’encombrement du réseau routier et un isolement partiel du site », a révélé d’autres manquements pouvant avoir de lourdes conséquences s’il venait à se produire un événement de cette ampleur. 

En effet, l’ASN a en outre pointé une communication « des informations incomplètes aux autorités » de la part de l’agent de direction de l’organisation de crise et fait remarquer que le chef d’exploitation du centre de commandement « ne savait pas se connecter au système d’information collaboratif de crise. »

À cela s’ajoute le fait qu’un équipier s’est rendu à une réunion de crise, sans « poste informatique portable qu’il n’a pu prendre du fait de la présence d’un câble de protection antivol à code qu’il ne connaissait pas […] ce qui ne permet pas de disposer de toutes les informations utiles pendant la crise. L’équipier a dû prendre des notes manuscrites et les retranscrire ensuite informatiquement », entraînant une perte de temps non négligeable dans le cadre d’une telle urgence.

Cet exercice surprise fait suite à une demande de mise à jour du plan d’urgence interne de la centrale nucléaire de Flamanville pour début 2021, formulée en juin 2017. Le 14 décembre déjà, l’énergéticien prévenait l’ASN que son plan d’urgence interne pourrait répondre favorablement à l’ensemble des exigences imposées. Toutefois, EDF affirmait que le site de Flamanville avait augmenté le nombre d’équipiers de crise suite à l’intégration d’agents supplémentaires et qu’il pouvait répondre plus favorablement à certaines exigences liées à une éventuelle gestion de crise.

Nouvel exercice prévu fin avril à la centrale nucléaire de Flamanville

C’est en vue d’un nouvel exercice prévu pour le 30 avril 2021 et l’effectivité du plan d’urgence interne demandée pour le 16 octobre prochain au plus tard que l’Autorité de sûreté nucléaire a décidé de mettre en demeure EDF, le 1er mars, près de neuf mois après une mise en demeure de l’énergéticien au sujet de son site de Gravelines (Hauts-de-France) : 

« Afin que son nouveau plan d’urgence interne puisse être opérationnel au plus tard le 16 octobre 2021 […] EDF est mis en demeure de transmettre à l’Autorité de sûreté nucléaire au plus tard le 16 avril 2021, la mise à jour de son plan d’urgence interne établie […] », et l’ASN suivra la situation de près, comme elle le rappelle à la fin de sa décision du 1er mars 2021 : « Le directeur général de l’Autorité de sûreté nucléaire est chargé de l’exécution de la présente décision, qui sera notifiée à EDF et publiée au Bulletin officiel de l’Autorité de sûreté nucléaire. »

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